Italo Valenti, Les Magiciennes, Olio su tela, 1954
“C’était toujours quand on les attendait le moins qu’elles revenaient demeurer avec nous.
Le jour, elles s’annonçaient par la douleur d’une côte, par des pieds froids et par les galops du coeur.
Dans la nuit, des lueurs vagabondes nous faisaient entrevoir la forme de leurs voiles d’ombre, l’austère autorité de leur groupe pensif. On savait alors, par expérience, à quoi s’en tenir.
Elles demandaient de passer de chez nous sur une autre rive et auraient campé dans notre compagnie jusqu’à l’arrivée d’un bac. Encore fallait-il trouver la voie d’eau, souvent encore invisible, l’embarcation maniable pour nos modestes forces et l’endroit propice où le courant ne risquerait pas de nous entraîner vers les rapides.
Autrefois, elles amenaient un chien, parfois même deux ou trois: “les chiens de la lune”, comme nous les avions nommés.
Aujourd’hui elles reviennent sans leurs bêtes. Ont-elles vieilli ?
Ont-elles besoin de solitude et de recueillement?
Ou savent-elles qu’elles n’ont pas à se défendre, car nous avons enfin appris à ne plus les craindre et à les chérir.”
Testo di Anne de Montet
Tratto da Italo Valenti Les magiciennes,
a cura di Sergio Grandini,
Edizioni Giulio Topi, 1983